Le monde des travaux publics évolue depuis des années avec des engins et équipements de plus en plus tournés vers la technologie. Depuis plusieurs années, les machines et de véhicules connectés, permettent d’optimiser la gestion des parcs de matériels. Depuis 2018, les Travaux Publics avaient renoué avec un réel cycle de croissance, dû à la reprise de l’investissement local et du secteur privé. Aujourd’hui, les entreprises du BTP et les revendeurs de matériels TP doivent faire face à un marché nouveau en sortie de la crise sanitaire que nous venons de traverser. Les engins de chantier passent au vert et suivent un mouvement global visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution. Pour cela, ils s’appuient à la fois sur des innovations d’ordre technique et d’usage.

Des machines moins gourmandes

Tout comme dans le secteur automobile où nous sommes témoins d’un réel virage écologique, l’industrie du TP et des machines en général tente également de réduire les émissions de ses engins en optant pour des moteurs hybrides ou 100% électriques. C’est ce que nous verrons plus en détail dans la quatrième partie de cet article.

A l’instar des voitures récentes, des systèmes moins onéreux et facile à mettre en place comme l’arrêt automatique des moteurs permettent notamment de réduire les émissions. Cette option Start & Stop a été adaptée au monde du TP par Volvo CE, qui coupe un moteur au ralenti au bout de 4 minutes.

D’autres mesures ne nécessitant aucun apport technologique permettent également de limiter les émissions des engins et leur pollution :

  • la limitation du fonctionnement et du moteur en régime ralenti ;
  • la limitation de vitesse des engins ;
  • des contrôles techniques plus assidus  

Un marché de plus en plus réglementé

Comme le marché de l’automobile ou du camion, le monde du TP est lui aussi de plus en plus réglementé. Les constructeurs se voient dans l’obligation de respecter de véritables exigences de conception. D’autres règles agissent au niveau de l’utilisation des équipements, de leur maintenance, leur installation, le transport et le démontage de chaque machine. Les normes européennes sont développées à deux niveaux : celui des comités nationaux d’une part et le niveau européen d’autre part, par le biais de groupes de travail.  Il existe des normes antipollution pour le marché du TP.

La norme Stage

En Europe, on parle de la norme Stage. Elle concerne uniquement les engins à « application non-routière » équipés de moteurs diesel. Depuis janvier 2019 et pour faire suite à l’accord de Paris sur le climat, la norme Stage V visant à réduire les émissions de particules a remplacé la norme Stage IV. Le but de cette norme est simple : préserver l’environnement et protéger la santé des consommateurs en agissant directement sur les émissions polluantes. Ces normes antipollution visent également à concevoir des engins plus propres, qui consomment moins de carburant et qui sont à l’origine de moins de nuisances sonores tout en étant plus sécuritaires. Il est important de souligner que le Stage V va innover dans le sens où les émissions des machines seront contrôlées en cours de travail et non plus à l’arrêt sur un banc d’essai. Cette nouvelle forme de test a pour but de dresser des résultats « en direct » pour ensuite mettre au point une nouvelle norme pour 2025. Cette norme sera alors bien plus drastique et demandera des mesures de conformité pendant l’utilisation de l’engin et non plus seulement en banc d’essai.

Quelles tendances sur le marché des matériels TP d’occasion ?

Lorsqu’une entreprise de travaux publics souhaite se développer, elle doit nécessairement investir dans des machines ou des équipements de construction. Elle peut alors se tourner vers des matériels TP neufs ou d’occasion. Heureusement, les chefs d’entreprise n’ont pas besoin de dépenser d’importantes sommes pour se procurer ces équipements. Ils peuvent acheter du matériel de seconde-main qui présenteront de nombreux avantages compte tenu du coût d’investissement.

Un équipement disponible pour un prix accessible

A ses débuts, en optant pour un matériel d’occasion, une entreprise pourra faire d’importantes économies tout en développant son activité. Les équipements neufs peuvent coûter une somme importante et faire exploser les frais d’acquisition des entreprises. Le marché de l’occasion devient donc une option très intéressante.

L’électrique, une tendance qui se dessine lentement

 Comme dans l’industrie routière, l’environnement et les rejets issus des machines TP constituent un des enjeux majeurs de notre siècle. Le BTP est doucement mais surement poussé à passer à l’électrique via de nouvelles normes environnementales ou un système français de suramortissement jusqu’à 40%. Le renforcement des règles environnementales, d’émission de CO2 et de nuisance sonore oblige les acteurs à s’orienter vers de nouvelles motorisations.

Avantages et possibilités

Du point de vue de l’opérateur, le principal avantage se trouvera dans la diminution de nuisance sonore produite par l’engin. Cela, couplé à un impact environnemental moindre et des dimensions compactes lui ouvrent les portes des chantiers en zones urbaines.

De plus les coûts d’exploitation d’une machine TP de taille moyenne, « une tractopelle », devraient selon les estimations des constructeurs être inférieurs à ceux de machines diesel car nécessitant de lourdes dépenses en carburant, en huiles et en entretien. Par ailleurs, le gouvernement français multiplie les bonus liés à la technologie électrique par le biais de différents leviers tels que la méthode de suramortissement selon laquelle, par exemple, un véhicule roulant électrique à batterie de traction ou à PAC H2 acheté 100 000 € pourra être déclaré 140 000 €.

L’électrique devient encore plus intéressant pour les petites machines. En effet, la mini pelle JCB 19C-1 E peut être complètement chargée en moins de deux heures. Ceci représente autant d’atouts pour les entreprises intervenants dans des bâtiments, en terrain confiné ou encore en zone urbaine. En effet, une fois chargée, elle possède la même autonomie qu’une mini pelle thermique. Enfin, cette mini pelle dispose des mêmes performances qu’une mini pelle conventionnelle de 1,9 tonnes.

Inconvénients et limites

 Les principaux inconvénients et limites rencontrés par ce nouveau mode de consommation sont les mêmes que dans le secteur automobile. A capacité équivalente, les prix d’achat de deux machines diesel et électrique ne seront pas égales. La machine électrique coûtera plus chère à l’achat. Enfin, nous n’avons pas suffisamment de recul dans cette technologie pour avoir une réelle connaissance de sa durabilité dans le temps.

Analyse et évolution par continent

Les principaux marchés pour les machines de TP que sont l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie sont tous trois très intéressés par l’évolution de l’électrique dans leur industrie. C’est ainsi que plusieurs marques comme JCB avec sa mini pelle électrique JCB 19C-1E ou Case avec ses chargeuses-pelleteuses sur pneus électrique ont séduit de nombreux acheteurs lors des derniers salons Conexpo 2020 qui a eu lieu à Las Vegas (USA), Bauma 2019 qui s’est déroulé à Munich (Allemagne) ou Intermat Asean. Le continent Océanique est également intéressé par la technologie électrique notamment pour ses grandes villes.

A contrario l’Afrique et l’Amérique du Sud ne sont guère tournés vers cette nouvelle forme de consommation et ce pour des raisons principalement économiques.

Salons internationaux : Intermat, Bauma, Conexpo…

Dans le secteur du TP, les trois salons principaux en Europe sont, Bauma qui a lieu à Munich en Allemagne, Intermat qui se déroule à Paris en France et enfin Samoter qui aura d’ailleurs lieu du 21 au 25 octobre 2020 à Vérone en Italie. Ces trois salons ont lieu sur trois ans, à raison de un par an. Le plus important est Bauma avec lors de sa dernière édition en 2019, quelque 3 700 exposants venus de 63 pays, suivi d’Intermat avec plus de 1 400 exposants et 173 000 visiteurs en 2018 et enfin de Samoter avec 780 exposants et plus de 84 000 visiteurs en 2017.  Tous les constructeurs de machines et d’équipements se doivent d’être présents lors de ces salons pour mettre leurs matériels en avant, montrer leur savoir-faire, leur innovation et promouvoir leurs dernières innovations technologiques.

Les constructeurs à la pointe de cette nouvelle technologie, les nouveaux modèles et futures perspectives

Les principaux constructeurs de machines électriques sont : Volvo CE, Mecalac, JCB, Caterpillar, Case, Wacker Neuson, Doosan, Hyundai, Hydromek, Liebherr et bien d’autres.

Il y a déjà plusieurs années, Volvo Construction Equipment faisait part de sa volonté d’équiper ses engins compacts avec des moteurs électriques. De nouvelles chargeuses sur pneus et pelles compactes ont déjà vu le jour, c’est le cas notamment des modèles de pelles EC15 à EC27 et des chargeuses L20 à L28. Le constructeur suédois ambitionne de devenir le leader sur le marché de l’électromobilité adaptée aux engins de chantier. Côté petit matériel, Volvo a retenu l’attention des visiteurs du salon Bauma 2019 avec sa minipelle EX2.

C’est lors du dernier salon Bauma que le constructeur français Mecalac, a mis sa version électrique de la 12MTX en avant. Un autre modèle de taille pour le fabricant français est : la pelle E12 de 12 t. Avec un tel modèle, Mecalac confirme son intérêt pour ses solutions avec son concept de pelle de 10 t, capable de travailler sur batteries pendant 8 heures.

Du côté britannique, JCBa également investi sur l’électrique avec une mini pelle : la 19C-IE. Elle a des performances équivalentes à la 19C-I de la marque avec une autonomie de 4 heures seulement mais pouvant être rechargée plus rapidement.

Le leader mondial de la machine gros gabarit, Caterpillar, s’illustre avec un engin de chantier de 26 tonnes électrique. Il est important de noter que la plupart des constructeurs se limitent à du petit tonnage pour l’électrique car ces matériels consomment moins d’énergie et ne nécessitent pas de lourdes batteries. C’est donc un véritable défi qu’a relevé Caterpillar en fournissant une tractopelle de 26 T électrique.

Case, marque du groupe originaire Italie Américain « CNH Industrial » a dévoilé sa première tractopelle électrique lors du salon Conexpo 2020 (plus grand salon pour le TP en Amérique). Il s’agit de la 580EV (plus de 8h d’autonomie). Ce nouveau modèle est déjà disponible à la vente aux Etats-Unis et au Canada.

C’est aussi lors de la dernière édition du salon Bauma que Bobcat mettait son modèle E10 de 1 tonne en avant.

Hidromek, le fabricant Turque a dévoilé une pelle urbaine sur pneus également électrique : la Hicon 7W.

Liebherr est dans le domaine des matériels de fondations spéciales, le premier à dévoiler une foreuse « 100% » électrique. Cette foreuse est capable, selon son concepteur, de travailler sur un cycle journalier, les batteries se rechargeant dans la nuit.

Les machines électriques représentent un véritable confort pour les conducteurs et les opérateurs de chantiers car elles sont moins bruyantes et bien moins polluantes. Comme dans le secteur automobile, pour convaincre les professionnels à passer au tout électrique, les constructeurs devront travailler sur l’autonomie. Il sera intéressant d’ici quelques années de voir si les batteries seront toujours aussi performantes avec le temps, les heures d’utilisation et l’utilisation des différents organes et équipements des machines. Enfin, il sera également nécessaire d’effectuer des formations pour assurer l’entretien des nouveaux équipements en toute sécurité.